Album "OTHERSIDE", disponible en CD et 33T.
Chronique d'Otherside sur le site punked77.blog - 29 avril 2024
« De l'autre côté
On y pénètre à pas feutrés.
Quelques accords grattés à la guitare installent une tension. Sourde. Qui plane au-dessus. Tout autour. En dedans. Qui nous saisit. Le chant rythmé de Fred Denise introduit alors "Sista Porn", cette menace glaciale qui fond sur nous et va tout emporter sur son passage, en une allégorie du covid19. Jusqu'à nous entraîner dans cette "Mass Murder Dance”, titre du premier morceau du tout premier, lui aussi, album de l'artiste normando-toulousain. La guitare épouse alors cette frénésie. L'ambiance est posée. L'écoute de cet opus basé sur le duo guitare-voix ne va pas se faire à la légère. On est pris. Dès les premières notes. Dès les premiers mots chantés.
Surgit alors le violoncelle de Caroline Menrath, acolyte de Fred sur le morceau éponyme "Otherside”, qui vient apaiser la tension installée. Et nous plonger entièrement dans l'univers de l'artiste. Un univers absolument pas parallèle. Un univers bien ancré dans nos préoccupations bien humaines. Dans nos travers. Comme dans nos attentes. Dans nos espoirs. Comme dans notre folie. Dans nos désirs. Comme dans nos rêves. Les plus fous.
Ce deuxième morceau, tout premier texte écrit par Fred Denise à la fin des années 90, plante en effet un décor plus intimiste. Grâce bien sûr à ces notes de violoncelle mais aussi par son texte. Balade sensible qui narre une attente vers une vie meilleure. Un autre côté qui ne peut être que mieux. C'est la promesse de cette musique, que l'on retrouve à la fin de l'album, en version violoncelle-voix cette fois. Telle que Fred Denise l'entendait dans sa tête depuis toutes ces années. Telle aussi une clôture tout en délicatesse alors que l'on quitte l'écoute de cette œuvre pour se replonger dans notre propre univers. Étrangement semblable à celui que nous invite à parcourir Fred Denise.
Heureusement, la guitare toujours simple et directe s'accorde à merveille à la voix chaude de Denise. Il en ressort alors une impression de réconfort malgré la dureté de certains morceaux.
"je suis venu te voir aujourd hui/t'étais déjà parti/pourquoi comment on passe de l'autre côté du miroir/la peur, la douleur, les pleurs/le désespoir/je sais qu'on meurt aussi à l'intérieur/de trop y voir”
Ce dernier couplet du morceau "Folie" imprime le ton de ce sept titres. Alors que le texte aborde le thème de la schizophrénie, Fred Denise le fait tout en élégance et en humanité. Car il sait de quoi il chante. Lui qui a beaucoup côtoyé de schizophrènes et leur indicible souffrance.
Voilà ce qui fait le corps de cet album. Ici, point de récit fantasmé. Point d'élucubration. Fred Denise nous livre crûment ce qu'il traverse, ce qu'il voit. Ce qu'il entend. Ce qu'il ressent. Ce qu'il vit. C'est un album très personnel que vous posez entre vos oreilles. Confectionné avec une sincérité qui agrippe. Tissé des liens sensibles qui nous unissent en tant qu'humains. Un album qui ébranle derrière son apparente simplicité.
Un album qui illustre pleinement la phrase d'Oscar Wilde "Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles.”.
Voilà ce que vous offre Fred Denise.»